Publié le 15 mai 2024

L’écologie urbaine efficace ne repose pas sur une multitude de petits gestes, mais sur la maîtrise de quelques leviers à fort impact.

  • Votre plus grand pouvoir de réduction carbone réside dans votre logement, vos transports et votre alimentation, bien avant le zéro déchet.
  • Des erreurs de recyclage courantes à Montréal peuvent annuler les efforts de milliers de personnes en contaminant des lots entiers.

Recommandation : Concentrez-vous d’abord sur la réduction de votre consommation de viande rouge et l’optimisation de vos transports avant de chercher à éliminer chaque gramme de plastique.

Se sentir dépassé face à l’urgence climatique tout en vivant en ville est une expérience quasi universelle. On nous bombarde de conseils : utilisez des sacs réutilisables, refusez les pailles en plastique, achetez des produits bio. Ces gestes, bien qu’intentionnels, donnent souvent l’impression d’une goutte d’eau dans un océan en feu. Cette dispersion mène à une forme de paralysie écologique ou à une culpabilité constante, où chaque écart semble être un échec personnel. On finit par se demander si nos efforts servent réellement à quelque chose.

La confusion est entretenue par un manque de hiérarchisation. Toutes les actions ne se valent pas. En matière d’impact carbone, choisir le vélo plutôt que la voiture pour un trajet quotidien surpasse de plusieurs ordres de grandeur le fait de refuser un couvercle de café en plastique. L’approche traditionnelle de l’écologie personnelle, axée sur une liste interminable de « choses à faire », occulte cette réalité. Mais si la véritable clé n’était pas de tout faire parfaitement, mais de faire efficacement ce qui compte le plus ? Si l’on pouvait remplacer la culpabilité par une stratégie claire et mesurable, ancrée dans la réalité montréalaise ?

Cet article propose un changement de paradigme. En adoptant la rigueur d’un ingénieur et en s’appuyant sur des données concrètes, nous allons déconstruire les mythes et hiérarchiser les actions écologiques pour le citadin. L’objectif n’est pas d’ajouter des tâches à votre quotidien, mais de vous donner les outils pour concentrer votre énergie là où elle aura un impact maximal, transformant l’impuissance en efficacité ciblée.

Pour vous guider dans cette démarche pragmatique, nous avons structuré cet article autour des piliers de la vie urbaine. Des déchets que nous produisons à la manière dont nous consommons, chaque section vous fournira des stratégies concrètes et des données pour éclairer vos choix.

Le guide du compostage en appartement sans odeurs ni moucherons

Le compostage en milieu urbain est souvent perçu comme un défi logistique, semé d’embûches olfactives et d’invasions de petits insectes. Pourtant, détourner ses résidus alimentaires de l’enfouissement est l’un des gestes individuels les plus puissants pour réduire les émissions de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. À Montréal, où une part significative des déchets est encore organique, maîtriser le compostage en appartement devient une action à fort effet de levier. Le secret ne réside pas dans des équipements coûteux, mais dans une gestion rigoureuse de la température et de l’humidité.

Le défi principal en appartement est la décomposition accélérée à température ambiante. Pour y remédier, la congélation est votre meilleure alliée. En stockant vos restes dans un contenant hermétique au congélateur, vous stoppez net le processus de putréfaction. Cela élimine 99% des risques d’odeurs et de moucherons et vous permet de ne sortir votre bac que lorsqu’il est plein. Bien que selon les dernières données, seulement 51% des Montréalais participent au programme de bac brun, ce chiffre montre une marge de progression énorme où des techniques simples peuvent faire une grande différence.

Pour ceux qui ne bénéficient pas de la collecte municipale, les composteurs communautaires sont une alternative éprouvée. Ils offrent non seulement un lieu de dépôt, mais aussi un cadre d’apprentissage et de partage.

Étude de cas : Le succès du programme de compostage communautaire du Plateau-Mont-Royal

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal compte aujourd’hui plus de 15 sites de compostage communautaire gratuits. Des lieux comme le parc Saint-Jacques sont devenus des modèles de gestion collective. Grâce à un système d’inscription simple et des ateliers réguliers, ces sites ont permis de détourner plus de 50 tonnes de matières organiques de l’enfouissement en 2023, tout en produisant un compost riche qui est ensuite redistribué aux jardins communautaires du quartier, bouclant ainsi la boucle localement.

La gestion hivernale, surtout au Québec, requiert quelques ajustements. Le froid intense peut rendre le vidage du bac difficile et les sacs peuvent se déchirer. Voici une méthode simple pour passer l’hiver sans tracas :

  1. Congelez vos résidus : Utilisez des contenants hermétiques au congélateur pour éviter les odeurs et faciliter le transport.
  2. Isolez votre minibac : Placez le bac de cuisine dans un endroit frais comme un balcon couvert pour ralentir la décomposition.
  3. Doublez les sacs : Un sac en papier journal à l’intérieur de votre sac compostable absorbe l’humidité et prévient les déchirures.
  4. Alternez les couches : Même dans votre petit bac, essayez de mettre une feuille de papier journal entre les couches de résidus pour maintenir l’équilibre.
  5. Planifiez vos sorties : Évitez les jours de grand froid ou de tempête pour vider votre bac, afin de vous assurer qu’il ne reste pas collé au fond.

Finalement, le compostage en appartement est moins une question de volonté que de méthode. En appliquant ces principes de gestion du froid et de l’humidité, vous transformez une contrainte potentielle en une routine simple et à l’impact environnemental direct et significatif.

Faire ses courses sans plastique à Montréal : la méthode complète pour y arriver

L’omniprésence du plastique dans les supermarchés est un obstacle majeur pour quiconque souhaite réduire ses déchets. Pourtant, faire ses courses sans plastique à Montréal est non seulement possible, mais c’est aussi une porte d’entrée vers une consommation plus consciente et souvent plus saine. La clé n’est pas de viser une perfection inaccessible du jour au lendemain, mais d’adopter une approche systémique : planification, équipement et connaissance des bonnes adresses.

Avant même de sortir de chez soi, la bataille est à moitié gagnée. Cela implique de planifier ses repas de la semaine pour savoir précisément quels ingrédients acheter et en quelles quantités. Cette étape évite les achats impulsifs et sur-emballés. L’équipement est la deuxième pierre angulaire : un ensemble de sacs en tissu pour les fruits et légumes, des contenants en verre ou en inox pour le vrac et les produits du comptoir (viande, fromage), et bien sûr, de grands sacs réutilisables. Cette préparation transforme l’expérience des courses d’une corvée passive à une mission active.

Montréal regorge d’options pour ceux qui sont équipés. Les marchés publics comme Jean-Talon ou Atwater sont des incontournables pour les produits frais sans emballage. De plus, un réseau florissant d’épiceries zéro déchet a vu le jour, rendant le vrac accessible dans de nombreux quartiers.

Intérieur d'une épicerie zéro déchet montréalaise avec contenants réutilisables et produits en vrac

Ces commerces spécialisés, comme le montre l’image, ne sont plus des exceptions mais une véritable infrastructure pour un mode de vie sobre en plastique. Ils permettent d’acheter tout, des céréales aux huiles en passant par les produits ménagers, avec ses propres contenants.

Pour naviguer dans l’offre montréalaise, voici un tableau comparatif de quelques acteurs clés de l’épicerie zéro déchet, qui illustre la diversité des services disponibles selon les quartiers.

Comparaison de quelques épiceries zéro déchet à Montréal
Épicerie Quartiers Spécialités Services
Épicerie LOCO Villeray, Plateau, Verdun, Ahuntsic Vrac complet, produits frais Ateliers, consigne
Méga Vrac Rosemont Cosmétiques, aliments secs Livraison, boutique en ligne
Vrac sur Roues Livraison partout Épicerie complète Livraison à vélo
Marché Branche d’Olivier Verdun, Saint-Henri, NDG, Griffintown Produits ethniques et bio Station de remplissage savons

En fin de compte, faire ses courses sans plastique à Montréal est moins une privation qu’un changement d’habitude qui nous reconnecte à nos aliments et soutient une économie locale innovante. Chaque contenant réutilisé est un petit vote pour un système alimentaire plus durable.

Les erreurs de recyclage que 9 Montréalais sur 10 commettent (et qui ruinent tout)

Le recyclage est souvent présenté comme le geste écologique par excellence. Cependant, sa bonne exécution est bien plus technique qu’il n’y paraît. À Montréal, une simple erreur dans le bac bleu peut avoir des conséquences désastreuses, allant jusqu’à la contamination d’un lot entier et son envoi à l’enfouissement. C’est le principe de la contamination des lots : un seul article inapproprié peut ruiner les efforts de centaines de citoyens. Comprendre ces erreurs courantes n’est pas un détail, c’est la condition sine qua non pour que le recyclage soit véritablement efficace.

L’une des erreurs les plus fréquentes et les plus dommageables est ce que les experts appellent le « wishcycling » : jeter un objet dans le bac bleu en espérant qu’il soit recyclable. Cette bonne intention est malheureusement contre-productive. Philippe Sabourin, une voix autorisée en la matière, met en lumière l’ampleur du problème. Son constat est sans appel et devrait nous faire réfléchir à deux fois avant de fermer le couvercle de notre bac.

Près d’un article sur dix qui arrive au centre de tri Saint-Michel est en réalité destiné au dépotoir.

– Philippe Sabourin, Porte-parole de l’Écocentre de Montréal

Cette statistique illustre parfaitement le fossé entre l’intention de recycler et la réalité du processus industriel. Pour passer de l’espoir à l’efficacité, il faut connaître les règles spécifiques au système montréalais. Voici trois erreurs classiques à éviter absolument :

  • Le plastique noir : Il est invisible pour les trieurs optiques. Les machines des centres de tri utilisent des faisceaux infrarouges pour identifier les différents types de plastique. Le plastique noir absorbe cette lumière, le rendant indétectable. Par conséquent, tous les contenants noirs, même s’ils portent le symbole du recyclage, finissent au dépotoir.
  • Les contenants non rincés : Un pot de yogourt ou de sauce à moitié plein est un contaminant majeur. Les résidus alimentaires peuvent souiller des tonnes de papier et de carton, les rendant impropres au recyclage. Une simple action de rincer sommairement ses contenants est l’un des gestes les plus rentables en matière de recyclage.
  • Les gobelets de café : Le gobelet en carton de votre café matinal semble recyclable, mais il ne l’est pas à Montréal. Sa fine doublure intérieure en plastique, qui assure son étanchéité, est impossible à séparer du carton dans le processus de recyclage municipal actuel. Ces gobelets doivent donc aller à la poubelle.

En définitive, un recyclage efficace est un recyclage informé. Connaître ces quelques règles spécifiques au système local transforme un geste symbolique en une contribution réelle à l’économie circulaire, en assurant que les matières envoyées au centre de tri ont une véritable chance d’être revalorisées.

Calculez votre empreinte carbone : le changement qui compte vraiment (et ce n’est pas celui que vous croyez)

Dans la quête d’une vie plus écologique, nous sommes souvent obsédés par nos déchets visibles. Pourtant, la réalité de notre empreinte carbone est largement invisible et se cache dans trois domaines principaux : le logement, le transport et l’alimentation. Se concentrer sur la paille en plastique alors qu’on prend l’avion plusieurs fois par an, c’est comme s’inquiéter d’une fuite au robinet pendant que le sous-sol est inondé. Une analyse rigoureuse montre que ces trois leviers d’impact représentent la majeure partie des émissions de GES d’un ménage canadien.

Pour mettre les choses en perspective, il faut regarder les ordres de grandeur. Chaque Québécois produit en moyenne plus de 716 kg de déchets par habitant chaque année, un chiffre colossal. Cependant, les émissions liées au chauffage d’une maison mal isolée ou aux déplacements quotidiens en voiture solo peuvent représenter l’équivalent de plusieurs tonnes de CO2 par an. C’est ici que l’approche de l’ingénieur prend tout son sens : il faut mesurer pour agir efficacement. Il ne s’agit pas de nier l’importance de la réduction des déchets, mais de la replacer dans un contexte plus large.

L’idée n’est pas de tout changer du jour au lendemain, mais d’identifier le domaine où un seul changement peut avoir l’effet le plus significatif. Pour certains, ce sera de passer au transport en commun ; pour d’autres, de réduire drastiquement leur consommation de viande rouge. Chaque situation est unique, c’est pourquoi un audit personnel est la première étape vers une action efficace plutôt que symbolique. Cet audit permet d’identifier vos propres « points chauds » d’émissions.

Votre plan d’action pour un impact maximal : auditez votre mode de vie

  1. Points de contact – Déplacements : Listez tous vos trajets hebdomadaires (travail, loisirs, courses) et le mode de transport utilisé. Identifiez les trajets où une alternative (vélo, transport en commun, covoiturage) est réaliste.
  2. Collecte – Logement : Récupérez vos factures d’énergie des 12 derniers mois. L’optimisation du chauffage et l’amélioration de l’isolation peuvent réduire votre empreinte de près de 30%.
  3. Cohérence – Alimentation : Examinez vos habitudes alimentaires. Réduire la consommation de viande rouge de 50% en faveur de protéines végétales locales peut diminuer votre empreinte alimentaire de 25%.
  4. Mémorabilité – Achats majeurs : Pensez à vos derniers gros achats (électronique, mobilier). Étaient-ils guidés par la durabilité ou le bas prix ? Un achat durable évite les émissions liées à la production de plusieurs produits de remplacement.
  5. Plan d’intégration – Priorisation : Choisissez UN seul des trois leviers (transport, logement, alimentation) et définissez une action concrète et mesurable à tenir pendant un mois. Concentrez votre énergie sur ce changement pour un maximum d’efficacité.

En adoptant cette vision stratégique, vous sortez de la logique de la « petite action » pour entrer dans celle de l’investissement écologique personnel. Vous ne cherchez plus à cocher des cases, mais à opérer des changements structurels dont les bénéfices sont tangibles et démultipliés.

Devenez un scientifique : 3 projets pour protéger la nature près de chez vous

L’écologie urbaine ne se limite pas à réduire son impact négatif ; elle consiste aussi à contribuer activement à la santé de nos écosystèmes. Une des manières les plus enrichissantes de le faire est de participer à la science citoyenne. Ces projets vous transforment de simple observateur en collecteur de données précieuses, qui aident les scientifiques et les urbanistes à mieux comprendre et protéger la biodiversité en ville. C’est une façon concrète de passer de l’action individuelle à une contribution collective mesurable.

Des plateformes comme iNaturalist permettent à n’importe qui, armé d’un téléphone intelligent, de documenter la faune et la flore de son quartier. Chaque photo d’un insecte, d’une plante ou d’un oiseau, une fois identifiée par la communauté, devient un point de donnée géographique et temporelle. Ces millions de points, agrégés, permettent de suivre les migrations, de détecter l’arrivée d’espèces envahissantes ou de mesurer la santé des populations de pollinisateurs. C’est une démarche qui allie la promenade en nature à une véritable mission scientifique.

Observation macro d'insectes pollinisateurs sur fleurs sauvages urbaines

L’observation attentive, comme celle de cette abeille sur une fleur sauvage, est au cœur de la science participative. Elle nous reconnecte au monde vivant qui nous entoure, même au cœur de la métropole. Des institutions montréalaises s’appuient d’ailleurs sur cette mobilisation citoyenne pour des projets d’envergure.

Étude de cas : Les Bioblitz de l’Université de Montréal

Depuis 2017, l’UdeM organise des « bioblitz », de véritables marathons d’inventaire biologique. Sur des sites comme l’ancien hippodrome Blue Bonnets, des citoyens, étudiants et biologistes collaborent pour documenter en 24h un maximum d’espèces. Ces événements ont permis de recenser plus de 500 espèces sur le campus et ses environs. Ces données ne sont pas anecdotiques : elles alimentent directement les bases de données utilisées par les urbanistes pour la planification écologique de la ville, influençant par exemple la création de corridors verts.

Au-delà de la documentation, d’autres projets vous invitent à agir. Le programme « Mon jardin Espace pour la vie » incite les Montréalais à transformer leur balcon ou leur cour en oasis pour les pollinisateurs en plantant des espèces indigènes. Enfin, des initiatives de surveillance de la qualité de l’eau, comme celles menées par des groupes de bassin versant, recherchent souvent des bénévoles pour effectuer des prélèvements simples.

Participer à ces projets est une double victoire : non seulement vous contribuez à la science, mais vous développez également une compréhension plus profonde et un attachement plus fort à la nature qui survit et s’adapte en milieu urbain. C’est l’écologie de l’action et du savoir partagé.

Pas besoin d’ordonnance : comment la nature peut devenir votre meilleure alliée santé

Le lien entre la nature et la santé n’est plus une simple intuition, mais un champ de recherche scientifique en pleine expansion. En milieu urbain, où le stress et la sédentarité sont omniprésents, l’accès à des espaces verts de qualité n’est pas un luxe, mais une composante essentielle de la santé publique. L’écologie urbaine, en cherchant à réintégrer la nature dans la ville, agit donc directement comme une politique de santé préventive. Les bénéfices sont mesurables : réduction du stress, amélioration de la concentration, stimulation du système immunitaire et incitation à l’activité physique.

Le concept de « bain de forêt » (Shinrin-yoku), originaire du Japon, a été largement étudié. Il démontre qu’une immersion consciente dans un environnement naturel diminue le taux de cortisol (l’hormone du stress) et augmente l’activité des cellules « tueuses naturelles », qui jouent un rôle clé dans la défense immunitaire. Nul besoin d’une forêt ancestrale pour en ressentir les effets. Une promenade dans un grand parc urbain comme le Mont-Royal ou le parc Maisonneuve, en portant attention aux sons, aux odeurs et aux textures, peut suffire à déclencher ces réponses physiologiques positives. L’important est la régularité de l’exposition.

Cette reconnaissance des bienfaits de la nature est si forte qu’elle commence à être intégrée formellement dans le système de santé canadien. Le temps passé dehors n’est plus seulement un loisir, mais peut devenir une véritable prescription médicale.

Étude de cas : Le programme PaRx au Canada

Le programme Prescriptions de nature (PaRx) est une initiative pancanadienne révolutionnaire, désormais active au Québec. Il permet aux médecins et autres professionnels de la santé de remettre une « ordonnance verte » à leurs patients. La prescription standard recommande au minimum 2 heures par semaine dans la nature, par tranches de 20 minutes ou plus. Pour encourager l’adhésion, les patients participants peuvent même bénéficier d’un accès gratuit à certains parcs nationaux. Ce programme officialise la nature comme un outil thérapeutique validé pour la santé mentale et physique, au même titre qu’un médicament ou une thérapie.

Intégrer la nature à son quotidien peut prendre plusieurs formes : luncher dans un parc plutôt qu’au bureau, choisir un itinéraire passant par une rue verte pour rentrer chez soi, ou encore s’impliquer dans un jardin communautaire. Chaque interaction, même brève, contribue à notre bien-être global.

Ainsi, verdir nos villes n’est pas seulement un enjeu écologique, mais aussi un investissement direct dans notre capital santé collectif. Chaque arbre planté, chaque parc préservé, est une pharmacie naturelle à ciel ouvert, accessible à tous et sans effets secondaires.

L’effet multiplicateur : comment 100$ dépensés localement enrichissent votre quartier

L’achat local est souvent présenté comme un geste civique, un slogan pour encourager l’économie d’ici. Mais au-delà du symbole, il existe un mécanisme économique puissant et mesurable : l’effet multiplicateur. Cet effet décrit comment l’argent dépensé dans une entreprise locale circule plus longtemps et plus de fois au sein de la même communauté, comparativement à l’argent dépensé dans une grande chaîne nationale ou internationale. Comprendre cet effet transforme l’achat local d’un simple choix de consommation en une stratégie de développement économique de quartier.

Lorsqu’un consommateur dépense 100 $ dans une librairie de quartier, par exemple, le propriétaire utilise une partie de cet argent pour payer ses employés (qui habitent souvent le quartier), pour se fournir auprès d’un comptable local, pour acheter son café au torréfacteur d’à côté, et pour payer des taxes municipales. Chaque transaction maintient l’argent en circulation dans l’économie locale. À l’inverse, 100 $ dépensés dans une grande surface voient une part majoritaire de cette somme quitter immédiatement la communauté pour rejoindre le siège social de l’entreprise, ses actionnaires et ses fournisseurs internationaux.

Des études ont cherché à quantifier précisément ce phénomène. Les résultats sont frappants et démontrent que l’impact local d’un dollar n’est pas du tout le même selon l’endroit où il est dépensé. Une analyse comparative menée par des firmes spécialisées illustre clairement cet écart.

Le tableau ci-dessous, basé sur les données d’une étude d’impact économique comparative, synthétise l’avantage structurel des commerces indépendants pour l’économie locale.

L’impact économique de 100$ de dépenses : Commerce local vs. Grande chaîne
Indicateur Commerce indépendant local Grande chaîne
Revenu restant dans l’économie locale 68$ 43$
Emplois locaux créés 4.7 par 100k$ de ventes 1.4 par 100k$ de ventes
Taxes locales générées Élevées Minimales
Soutien aux fournisseurs locaux Fort (52% des achats) Faible (14% des achats)

Cet effet multiplicateur signifie que choisir l’épicier du coin ou l’artisan de votre arrondissement n’est pas seulement un soutien à une personne, mais un investissement direct dans la vitalité, la résilience et la richesse de votre propre quartier. C’est un acte écologique au sens large, qui favorise les circuits courts et renforce le tissu social.

L’essentiel à retenir

  • L’impact de vos actions écologiques dépend de leur ordre de grandeur : priorisez le logement, le transport et l’alimentation.
  • Le recyclage n’est efficace que s’il est précis. Les erreurs courantes (plastique noir, contenants souillés) annulent ses bénéfices.
  • L’achat local n’est pas symbolique : il génère un « effet multiplicateur » qui enrichit concrètement votre communauté.

Le guide de l’achat local à Montréal : plus qu’un slogan, un mode de vie

Intégrer l’achat local dans son quotidien à Montréal est une démarche concrète pour aligner ses valeurs écologiques et sociales avec ses habitudes de consommation. Maintenant que l’on comprend l’effet multiplicateur, la question devient : comment faire de ce principe un mode de vie simple et durable ? La réponse tient en trois mots : saisonnalité, identification et diversification. Il s’agit de penser au-delà de l’alimentation pour inclure les services, les loisirs et les biens durables.

Manger local commence par manger de saison. Connaître le calendrier des récoltes québécoises permet non seulement de profiter de produits au sommet de leur fraîcheur et de leur saveur, mais aussi de réduire l’empreinte carbone liée au transport et à la conservation. C’est un retour au bon sens paysan, adapté à la vie urbaine. S’abonner à un panier bio d’un fermier de famille est l’une des manières les plus directes de soutenir l’agriculture locale et de redécouvrir la saisonnalité des aliments.

Pour vous aider à planifier vos courses au marché ou à l’épicerie, voici un aperçu du calendrier des produits phares du Québec :

  • Printemps (avril-juin) : Asperges, fraises, laitues, radis, produits de l’érable.
  • Été (juillet-septembre) : Tomates, maïs, bleuets, concombres, courgettes, haricots.
  • Automne (octobre-novembre) : Pommes, courges, choux, carottes, betteraves, canneberges.
  • Hiver (décembre-mars) : Légumes racines en conservation (pommes de terre, oignons), produits de serre, produits laitiers et viandes locales.

Au-delà des fruits et légumes, l’achat local s’étend à tous les domaines. Il s’agit de privilégier le cordonnier du quartier plutôt que de jeter ses chaussures, de faire appel à un artisan local pour un cadeau, ou de choisir une librairie indépendante. Des plateformes comme Le Panier Bleu facilitent aujourd’hui l’identification des commerces québécois en ligne, rendant ce choix plus accessible que jamais. C’est un réflexe à développer : avant chaque achat, se poser la question « Puis-je trouver un équivalent produit ou offert par une entreprise d’ici ? ».

Pour passer de la théorie à la pratique, ce guide de l'achat local à Montréal est un excellent point de départ.

Pour transformer ces connaissances en actions, l’étape suivante consiste à choisir un seul levier d’impact — que ce soit l’alimentation, les transports ou la consommation — et à vous y consacrer pendant un mois. C’est par la concentration de vos efforts que vous obtiendrez des résultats visibles et motivants.

Questions fréquentes sur le guide de l’écologie urbaine

Pourquoi le plastique noir n’est-il pas recyclable à Montréal?

Les trieurs optiques des centres de tri ne peuvent pas détecter le plastique noir car il absorbe la lumière infrarouge utilisée pour l’identification des matières. Par conséquent, il est traité comme un contaminant et envoyé à l’enfouissement.

Faut-il rincer les contenants avant de les recycler?

Oui, absolument. Un rinçage sommaire est crucial. Un pot de yogourt non rincé peut fuir et contaminer des matières très absorbantes comme le papier et le carton, rendant potentiellement tout un lot de matières recyclables inutilisable.

Les gobelets de café en carton sont-ils recyclables?

Non, leur doublure intérieure en plastique ou en cire, nécessaire pour les rendre étanches, les rend non recyclables dans le système municipal montréalais car les deux matières ne peuvent être séparées facilement.

Comment reconnaître les vrais produits locaux au supermarché?

Cherchez les logos officiels sur les emballages. Le logo « Aliments du Québec » garantit qu’un minimum de 50% des ingrédients provient du Québec, tandis que « Aliments préparés au Québec » certifie que la transformation principale du produit a été réalisée ici.

Le Panier Bleu, c’est quoi exactement?

C’est une initiative gouvernementale qui fonctionne comme un vaste répertoire en ligne, regroupant plus de 23 000 commerces québécois. Son but est de faciliter l’identification et l’achat auprès des entreprises d’ici pour encourager l’économie locale.

Comment soutenir l’économie locale au-delà de l’alimentation?

Privilégiez les services de proximité : faites appel à des réparateurs indépendants (cordonnier, couturière), choisissez des professionnels de votre quartier (comptable, dentiste), optez pour des artisans locaux pour vos cadeaux et même des entreprises québécoises pour des services numériques comme l’hébergement web.

Rédigé par Julien Pelletier, Julien Pelletier est un urbaniste spécialisé en mobilité active et un passionné de plein air, avec 8 ans d'expérience dans l'aménagement d'espaces publics. Son expertise se concentre sur les manières de profiter de la nature et de bouger en ville de façon durable et sécuritaire.